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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 10:22

Delannoy1b

 

Robert, Joseph Delannoy est né le 2 septembre 1890 à Roubaix dans le Nord.

 

Le 2 octobre 1911, il est appelé, dans le cadre du service militaire, au 21ème régiment de dragons cantonné à Saint Omer. Il est rendu à la vie civile le 8 novembre 1913 avec le grade de Maréchal des logis.

A la mobilisation générale de 1914, il est affecté le 2 août au 1er régiment d'artillerie lourde. Un peu plus d'un an après, le 1er novembre 1915, il est transféré au 101ème régiment d'artillerie lourde, pour en fait être affecté le 14 novembre au 107ème R.A.L.

Il demande à être détaché dans l'aviation comme pilote, demande accordée le 16 février 1916.

Dès le mois de mars, il suit les cours de pilotage chasse sur Nieuport à l'école d'Avord qui a comme chef pilote le célèbre Sadi Lecointe. Il obtient son brevet de pilote (N° 3962) le 18 juillet.

A l'époque, l'apprentissage au pilotage est intensif. Le 25 juillet, il est à l'école de perfectionnement Nieuport, le 18 septembre à l'école de tir aérien de Cazaux et enfin le 2 octobre à l'école de combat et d'acrobatie de Pau.

En décembre 1916, R. Delannoy est affecté à l'escadrille de chasse N 80 qui a été créée officiellement le 13 décembre. Tout comme huit autres pilotes, il se rend le 23 au centre militaire de Villacoublay où sont regroupés les pilotes, 5 mitrailleurs et les mécaniciens affectés à l'escadrille qui sera commandée par le capitaine Glaize.

Le 5 janvier 1917, l'escadrille part pour la Marne où elle s'installera à la ferme de la Bonne Maison près de Courville.

Affectée à la 5ème armée, les missions de l'escadrille N 80, équipée de Nieuport 17, consistent en des patrouilles, des reconnaissances d'armée ainsi que des missions photographiques.

L'attaque des ballons d'observation fait également partie des missions de la N 80. Les avions sont alors équipés de fusées Le Prieur.Nieuport.Delannoy4

 R. Delannoy dans son Nieuport équipé de fusées Le Prieur (collection Ronan Furic)

 

Le mois de mars 1917 voit la création du groupe de chasse 14 constitué des escadrilles N 75, 80, 83, et 86.

C'est également au cours de ce mois que l'escadrille 80 reçoit ses premiers SPAD VII.

Robert Delannoy effectue de nombreuses patrouilles de chasse, notamment au cours du mois d'avril qui voit le déclenchement de la seconde bataille de l'Aisne.

Il se familiarise à piloter le SPAD VII, et c'est avec ce type d'appareil, numéro 1126, qu'il obtient sa première victoire. En effet, le 5 mai, lors de la première patrouille de la journée, il abat à 5h45 un biplace ennemi au Nord-Est de Juvincourt.

Le 19 mai, il livre un combat contre un biplace qui tombe désemparé, mais cette victoire ne lui sera comptée que comme probable.

Les patrouilles et combats se succèdent. Ils sont pratiquement quotidiens.

R. Delannoy ne refuse jamais un combat, et le 17 juin, son courage est récompensé par une seconde victoire officielle. Ce jour-là, à 9h45 dans la région de Guignicourt (Aisne), il abat avec le SPAD VII n° 1205 un biplace allemand.

Deux jours plus tard, le 19 juin à 6h45 entre Juvincourt et Craonne, il obtient sa troisième victoire, toujours sur le SPAD n° 1205, en abattant un biplace. Elle a été confirmée comme l'exigent les règles de l'état-major par des témoins au sol, en l'occurrence des membres de la 49ème section d'autos canons.

Le même jour, il est cité à l'ordre de la Xème armée :"Excellent pilote, beaucoup de cran. Nombreux combats avec avions ennemis. Le 5 mai 1917 a descendu un biplace ennemi".

Le 8 juillet, l'escadrille N 80 se déplace sur le terrain de Souilly dans la Meuse pour soutenir l'offensive de Verdun.

Entre temps, le 3, Robert Delannoy a de nouveau été cité à l'ordre de la Xème armée : "Très bon pilote d'un brillant courage et possédant en même temps d'excellentes qualités militaires. A abattu le 19 juin 1917 son troisième avion ennemi".

A peine l'offensive de Verdun terminée, une autre grande bataille s'annonce, celle du Chemin des dames.

Le 11 octobre, le GC 14 est affecté à la VIème armée et quitte le terrain de Souilly pour s'installer sur celui de la ferme de Vaubéron près de Coeuvres dans l'Aisne.

Le capitaine Glaize est remplacé à la tête de l'escadrille 80 le 19 octobre par le lieutenant Ferrand. Le lendemain, n'étant plus équipée que de SPAD, l'escadrille prend officiellement le nom de SPA 80

SPAD VII

SPAD VII de l'escadrille 80 piloté par le Caporal P. Baer, pilote américain affecté à l'escadrille. A noter la bande oblique bleue choisie comme emblème de la SPA 80

 

Compte tenu de ses exploits, Robert Delannoy est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 6 novembre 1917.

Du 21 au 28 novembre, le GC 14 est détaché sur le terrain de Cattigny dans le Nord pour soutenir l'offensive anglaise sur Cambrai. L'offensive ayant échouée, la SPA 80 avec le GC 14 retourne sur le terrain de Vaubéron.

Le 15 décembre 1917, Robert Delannoy va vivre une journée très particulière. En effet, aux environs de 9h30 il est en patrouille à 5000 mètres d'altitude dans le secteur Soissons-Reims lorsqu'il aperçoit au loin du côté de Reims un petit point brillant. En fait, il s'agit d'un biplace allemand qui vient de franchir ses lignes et pénètre dans les lignes françaises. Manette des gaz à fond, il rattrape au dessus de Prosnes le biplace qui est également attaqué par une patrouille de l'escadrille SPA 48, patrouille composée du capitaine Sabattier, commandant de la 48, et des adjudants Renauld et Guingand.

Devant les attaques des avions français le biplace allemand pique brusquement, mais R. Delannoy le suit et le mitraille presque à bout portant. Soudain l'avion allemand explose et de nombreux débris touchent son avion. Le pare-brise est cassé ainsi que l'hélice, le radiateur est percé et le moteur est calé. En boule dans sa carlingue pour ne pas être touché par l'huile et l'eau bouillante s'échappant de son moteur, R. Delannoy, alors qu'il est encore à 4000 mètres, essaye de contrôler son avion. Finalement, après des minutes qui lui parurent une éternité, il parvient à 300 mètres d'altitude, repère une petite clairière dans un bois près de Sept-Vaulx et arrive à y poser son avion "comme une fleur" (dixit R. Delannoy).

Des aérostiers de la 57ème compagnie, témoins du combat, lui offrirent un bon déjeuner. Le capitaine Thévenot, commandant de l'aéronautique du 4ème corps d'armée, lui proposa qu'un avion de l'AR 40, dont un équipage avait également été témoin du combat, le ramène au terrain de la SPA 80.

Arrivé à Vaubéron, Robert Delannoy fût accueilli avec joie et soulagement par son ordonnance Mesona, son mécanicien Régis et sa chienne Diane.

La victoire fût partagée entre lui et les trois pilotes de la SPA 48

Ce fait d'armes lui vaudra le 14 janvier 1918 d'être nommé dans l'ordre de la légion d'honneur au grade de chevalier avec la citation suivante : "Pilote de grande valeur remarquable par sa bravoure et son intrépidité. S'est distingué au cours de nombreux combats avec les appareils ennemis par son adresse, son audace et son mépris du danger. Le 15 décembre 1917 a abattu son quatrième avion ennemi".

En ce début de l'année 1918, les missions vont se succéder malgré le mauvais temps. En Mars, le GC 14 opère contre l'offensive allemande dans la région de Lassigny-St Gobain en effectuant de nombreuses missions de reconnaissance, de patrouilles de chasse mais aussi de mitraillage de troupes et de convois.

Delannoy2d

      Groupe d'officiers du GC 14, terrain de Vaubéron. De gauche à droite : Lt L. Milliat (SPA 80), S/Lt R. Bamberger (SPA 75), Lt H. Hay de Slade (SPA 86), 1/Lt G. De Freest Larner (SPA 86), Lt A. D'Abboville (SPA 86), S/Lt R. Delannoy (debout avec la "peau de bique"), Lt E. Thiriez (SPA 86)

 

Depuis le début du mois de février, la SPA 80 reçoit les nouveaux SPAD XIII qui vont petit à petit remplacer les SPAD VII.

R. Delannoy se voit confier rapidement l'un de ces redoutables chasseurs, en l'occurrence le N° 2287. La bande bleue de l'escadrille y est immédiatement peinte ainsi que le numéro 3 qui lui a été attribué.

Pourtant, quelques semaines plus tard, au cours d'une patrouille, R. Delannoy est victime d'une panne de moteur et doit atterrir d'urgence dans les lignes alliées. Le choc est rude, l'avion sérieusement endommagé, mais lui n'est que très légèrement blessé.

SPAD XIIId

  Mécaniciens de l'escadrille autour du SPAD XIII accidenté de R. Delannoy

 

Les missions, les combats vont se succéder au fil des semaines au gré des offensives alliées ou allemandes. Le 15 avril, le GC 14 quitte le terrain de Vaubéron pour celui de Feinvillers puis se déplace le 5 mai pour celui de Bray-Dunes dans le Nord où se déroule l'offensive allemande dite des Flandres.

Le 1er juin, l'escadrille SPA 80 tout comme le reste des escadrilles du GC 14 part pour le terrain de Thiers dans l'Oise pour être opposée à l'offensive allemande en direction de Paris.

C'est à partir de ce terrain que Robert Delannoy va obtenir ses prochaines victoires. Le 20 août, il est en patrouille avec le S/Lt Compagnion et l'Adj. de Tonnac de Villeneuve lorsqu'ils aperçoivent des biplaces allemands. Ce sont des Halberstadt C. Les trois pilotes français les attaquent immédiatement, et après quelques minutes de combat, l'un des avions allemands tombe en flammes. La victoire sera attribuée aux trois pilotes. Suivi de l'Adj. de Tonnac de Villeneuve, R. Delannoy attaque un deuxième Halberstadt qui, devant les assauts des français, préfère finalement atterrir dans les lignes françaises. Son équipage sera fait prisonnier. Même si elles sont partagées, ces 5ème et 6ème victoires sont pour Robert Delannoy l'occasion d'intégrer le cercle très fermé des As.

SPA80a

L'As Robert Delannoy dans son SPAD XIII décoré de la bande oblique bleue, insigne de la SPA 80

 

1er septembre 1918, nouveau déplacement pour l'escadrille qui s'installe sur le terrain de Boursonne dans l'Oise, puis le 9 octobre départ pour celui de Royallieu près de Compiègne.

C'est sur ce terrain que R. Delannoy apprend le 16 octobre qu'il est une nouvelle fois cité à l'ordre de la Xème armée : "Officier pilote très audacieux. A eu plusieurs fois son appareil criblé de balles en se portant au secours de ses camarades. A néanmoins cherché le combat sans répit avec une volonté tenace et une énergie inlassable. Le 20 août 1918 au cours de la même patrouille a attaqué deux biplaces de combats ennemis. A abattu le premier en flammes et forcé le second à atterrir dans nos lignes (5ème et 6ème victoires)".

Ultime déplacement pour l'escadrille SPA 80 avant la fin du conflit le 31 octobre pour le terrain de Séraucourt dans l'Aisne.

L'armistice du 11 novembre est accueilli évidemment par tous avec joie et soulagement. L'escadrille 80 aura effectué 3096 patrouilles, livré 417 combats, perdu 13 pilotes et remporté 17 victoires aériennes homologuées dont une contre un drachen. Son As est le S/Lt Robert Delannoy.

                                                               SPAD XIII de R. Delannoy en 1918

 

Le 14 décembre, l'escadrille s'installe sur le terrain de Trécon dans la Marne.

De nombreuses escadrilles sont dissoutes au début de l'année 1919, pour la SPA 80 ce sera effectif le 12 février.

Robert Delannoy restera dans l'armée jusqu'à sa mise en congés illimité de démobilisation le 15 août 1919. Entre temps, le 24 mai, il a été promu Sous-lieutenant à titre définitif.

Retourné à la vie civile, il exerce le métier de négociant en charbons à Mouvaux dans le Nord.

Réserviste, il est promu lieutenant le 28 août 1923.

A partir de 1930, il va effectuer chaque année une période volontaire dans l'aviation, tout d'abord au centre d'entrainement de La Brayelle à Douai puis à partir de 1933 au Cercle Aérien Régional de Lille-Flers et enfin à partir de 1937 au Groupe Aérien Régional 501 de Lille-Lesquin (qui deviendra Groupe Aérien d'Observation 501 le 1er janvier 1938) avec lequel il vole sur Mureaux 115. En plus de ces périodes volontaires, R. Delannoy effectuera en 1931 et 1932 deux périodes obligatoires de 21 jours chacune à Essey-les-Nancy.   Delannoy.GAO501c

R. Delannoy en compagnie du Lt Lefebvre, observateur au GAO 501, devant un Mureaux 115 

 

Capitaine depuis le 9 décembre 1933, il est mobilisé à 49 ans le 25 août 1939 et affecté au commandement des forces aériennes de corps d'armée N°1 puis en janvier 1940 aux forces aériennes de la 7ème armée. Il effectue des missions de reconnaissance et de liaison. Au total, jusqu'à sa démobilisation le 10 août 1940 à Limoges, il réalisera plus de 27 heures de vol comme pilote.

Le 31 décembre 1941, il est versé dans le cadre sédentaire, puis, atteint par la limite d'âge, rayé des cadres des réserves de l'armée de l'air le 2 septembre 1943.

Le palmarès de Robert Delannoy est éloquent : plus de 835 heures de vol, 6 victoires aériennes homologuées, titulaire de la croix de guerre 14-18 avec 4 palmes, chevalier de la légion d'honneur en 1918, officier de la légion d'honneur le 1er janvier 1936, croix des services militaires de 3ème classe le 3 mars 1939, commandeur de la légion d'honneur le 30 juin 1953.

Robert Delannoy est décédé le 24 décembre 1979.

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commentaires

J
Au sujet de la dernière photo : Robert Delannoy, à droite, en compagnie du Lieutenant Lefebvre, observateur du GAO-501 devant un Mureaux 115. Terrain de Lesquin après 1937 (Complément d'information émanant de l'association Anciens-Aérodromes).
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L
Bonjour . Merci beaucoup pour cette précision que je vais indiquer sur l'article consacré à Robert Delannoy. Cordialement. JJ. Leclercq
B
Merci de m'avoir émue en retraçant une partie de la vie de mon grand père, je vous en suis très reconnaissante:-)))
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B
Bonjour<br /> Bonjour, comme vous nous y invitez dans le forum 14-18,je me permets de vous signaler que Le 17 juin 1917 ce n'est pas à Bouconville (ardennes) mais<br /> à Guignicourt (02) que Robet Delannoy a remporté sa victoire<br /> (vous avez décalé d'une ligne dans le French war air service..)<br /> Bravo pour votre site en tout cs<br /> (Je connais bien la famille d'un des freres de Robert Delannoy,Paul Delannoy)<br /> Bruno<br /> (bruno10)
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